Le surf est aujourd’hui pratiqué partout dans le monde et il suscite un engouement particulièrement important. Cette mode du surf n’est pas toute jeune : elle apparaît dès les années 50 après son implantation en Californie. Accompagnée d’une idéologie très « flower power » somme toute assez naïve, prônant des valeurs de paix et de sérénité, s’attachant à une existence simple et proche de la nature (toujours à la recherche de la “vague“), elle a cependant marqué le style de vie de l’authentique surfeur. De ce “lifestyle“ (parlons anglais, puisque c’est encore un domaine où cette langue s’est imposée) s’est nourrie une culture riche mais assez peu connue. Toute en sons et en images, elle a gardée les valeurs de ses origines, ce qui fait son charme et son originalité.
Je vous propose donc, à chaque parution de SDS de vous faire entrevoir un aspect de cette culture de plus en plus visible dans notre société, à travers différentes œuvres. Et pour bien commencer, je me propose de vous faire découvrir le surf breton à travers deux livres et un film.
Kornog et Gwalarn
Il n’est plus original aujourd’hui de croiser des surfeurs ou des windsurfers sur nos côtes. Au contraire, activités à la mode, le windsurf puis le surf se sont généralisées partout en France. Sans faire exception, notre région offre une géographie très hospitalière à la pratique de ces sports. L’évolution complexe et récente du surf breton a apporté à la culture surf un tempérament finalement assez proche de ses origines.
La glisse bretonne méritait amplement un livre qui serait à même de présenter et d’analyser les différentes particularités et les personnages qui font aujourd’hui de la Bretagne un acteur majeur sur la scène nationale et internationale en terme de glisse. Voilà maintenant chose faite avec la sortie (il y a maintenant plus de trois ans) de deux ouvrages, Kornog : Surf en Bretagne et Gwalarn : Kite et windsurf en Bretagne, deux beaux livres publiés aux éditions Coop Breizh.
Si leurs titres vous interpellent déjà, « sonnant bien de par chez nous », ce n’est pas un hasard puisque « Kornog » et « Gwalarn » désignent en breton, respectivement, le Vent d’ouest et le Vent du nord ouest. Les deux livres se ressemblent beaucoup : ils possèdent la même présentation réalisée par un ancien graphiste de la célèbre maison bretonne de surfwear Kana Beach. Dynamique, celle-ci invite à la lecture. Les photographies, entre autres d’Erwan Crouan, co-auteurs des deux livres (et diplômé en histoire à l’UBO), sont majoritaires. Captant des moments de glisse privilégiés, elles semblent parfois n’avoir pas été prises chez nous tant la lumière et les vagues photographiées sont insolites. C’est donc une autre facette de notre région que l’on découvre à travers ces photos : une Bretagne au visage hawaïen, digne des plus beaux “spots“ du monde lorsque que le temps est clément, mais sitôt que celui-ci s’emballe, c’est sur une mer déchaînée qu’évoluent surfeurs et planchistes admirablement captés par l’objectif des photographes.
Si une part belle est faite aux photographies, le texte n’est pas en reste. Les auteurs connaissent tous très bien leur sujet : Kornog est co-écrit par David Bianic, rédacteur de Surf session, et Didier Tirilly, gérant de l’école de surf de Bretagne ; Gwalarn, est co-signé par Olivier De Puineuf, collaborateur de Planche mag. On peut presque qualifier ces ouvrages d’exhaustifs tant ils présentent, avec clarté et intelligence, les sujets abordés : l’histoire des différents sports, les différentes « Bretagnes du surf » de Saint Malo à Saint Nazaire avec les plus fameux “spots“, les problèmes environnementaux, les explications météorologiques, la Bretagne dans la compétition, le tout entrecoupé de portraits de surfeurs bretons influents.
Ma préférence va tout de même à Kornog, centré sur le surf. Il est mieux construit, plus structuré et succinct sur certains sujets (comme l’histoire), qui dès qu’ils s’éternisent ennuient le lecteur. Gwalarn, lui, tient à présenter de manière exhaustive tous les spots du littoral breton, un par un, ce qui le rend fastidieux. Cela étant, l’ouvrage est très orienté sport et s’attache moins à la culture de la glisse. Il présente un nombre important de portraits de kiteurs et de planchistes connus et nous rappelle que la Bretagne tient une place privilégiée dans les sports à voile (le surf, un peu à la traîne, commence seulement à produire des champions comme Yan Fontaine ou Yann Salaun)
Kornog s’attache vraiment à présenter, au risque de ne pas tout explorer en détail, l’ensemble des aspects de ce qui fait la culture surf bretonne : une météo complexe et rude, une géographie particulière, et comme partout, de plus en plus, le respect de l’environnement. Il n’oublie pas non plus les autres acteurs de la glisse bretonne : bodyboard, kite et planche (en empiétant sur Gwalarn certes mais à sa décharge il fut publié avant).
Kornog est donc un livre à consulter absolument tant pour découvrir un sport que pour découvrir une autre Bretagne. Gwalarn est plus ardu pour un néophyte mais il reste néanmoins un très beau livre sur le sujet.
BarrAvel
un film de Ronan Gladu (photographe brestois)
Littéralement « Barr avel » signifie coup de vent (tempête). Ce mot a plu aux surfeurs puisqu’il ressemble à “barrel“, mot anglais désignant le tube (le saint graal du surfeur). Il est fortement utilisé en France puisqu’il rattache la culture surf française à son modèle californien.
Jamais un film n’a été consacré au surf breton, c’est donc une première. Il est impératif de le voir pour compléter ce panorama de la pratique. Rien que l’introduction mérite qu’on jette un coup d’œil. Elle présente le surf, la Bretagne et ses habitants avec beaucoup d’humour. « […] le surf est un art de vire, qui amène à voyager, à faire des rencontres, à rentrer en communion avec la nature, ou encore à galérer des années pour se caler un tube de 4 secondes ».
Très bien construit, il s’organise comme un film de surf “classique“ avec des interviews des meilleurs surfeurs bretons (Juanito, les frère Fontaine, Thomas Joncour), entrecoupés de scènes de surf.
Même si les moyens ne sont pas comparables avec des films sponsorisés par des grosses marques, voir nos côtes et ses surfeurs (qui, comme le film le prouve, peuvent être très bons) apporte un sentiment de fierté. La Bretagne n’a rien à envier aux côtes landaises, nos vagues peuvent être aussi bonnes, voire meilleures grâce à notre géographie hétéroclite.
Résonnant très breton (le bocage n’est jamais loin !), ce film est assez unique car il illustre parfaitement ce que peut être la culture surf bretonne.
Si vous voulez avoir un avant-goût, regardez l’introduction sur le net et vous serez convaincu !
J’espère maintenant que vous avez compris que la Bretagne est un excellent pays pour les sports de glisse. Elle dispose déjà d’une solide renommée avec l’accueil de compétitions prestigieuses comme le championnat du monde de planche à voile de 1984 à 1987 ou celui de France de surf 2006. Réalisés sous un angle dynamique et jeune, ces oeuvres vous feront découvrir la culture surf bretonne et vous inciteront probablement à regarder nos rivages d’un autre point de vue.
Par Côme Roblin
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